article du parisien du 24.11.2012
Le rachat de puits de
pétrole essonniens par une société canadienne inquiète élus et riverains, qui
craignent qu’ils ne se transforment à terme en base d’extraction de gaz ou
d’huile de schiste.
En l'état actuel des connaissances scientifiques, de l'absence d'études d'impact officielles sur l'exploitation de ressources fossiles en grande profondeur et des failles de la législation française (code minier à réviser) et européenne, Les Ecologistes demandent un moratoire qui doit prévaloir à toute décision définitive.
L’Essonne n’est pas encore le Texas, et
la famille Ewing, du célèbre feuilleton américain « Dallas », ne risque pas d’y
déménager son ranch. Mais la société canadienne Vermilion trouve tout de même
un intérêt à investir dans le pétrole qui se trouve dans le sous-sol
essonnien. Elle est encours de
rachat de quatre puits exploités jusqu’ici en partenariat avec Total.
Une procédure qui inquiète élus et riverains, qui ont créé hier
soir un collectif pour dire « non au gaz de schiste ».
Il y a une semaine, la société Vermilion a organisé une réunion avec une
dizaine d’élus des communes concernées par les concessions pour une opération
de « transparence ». Entre peurs, rumeurs, arguments marketing et textes de
loi, voici quelques éléments pour y voir plus clair.
1 Quelle est la situation en Essonne ?
Il existe quatre gisements d’hydrocarbures conventionnels dans
le département : Vert-le-Grand, Itteville, Vert-le-Petit et au Plessis-Pâté,
zone de la Croix-Blanche. Découverts par Elf Aquitaine à la fin des années
1980, ils ont ensuite été exploités par Total, puis en partenariat avec
Vermilion, une société canadienne créée en 1994. Depuis le 19 janvier,
l’entreprise canadienne a repris à 100% ces forages essonniens en les rachetant
85 M€ à Total, plus un forage situé en Seine-et-Marne et un dernier dans le
Bassin aquitain. « Nous prévoyons de remplir 2500 barils par jour de pétrole
avec ces quatre concessions », indique Jean-Pascal Simard, chargé des relations
publiques chez Vermilion. Pour Total, cette production représentait moins de
0,15% de sa production mondiale.
2 Pourquoi le rachat des puits inquiète les élus et les riverains ?
« Total estime que ces gisements ne sont plus rentables, confie David Ammar,
élu (Parti de gauche) à Morsang-sur-Orge et un des créateurs du collectif Non
au gaz de schiste. Si Vermilion se positionne, nous sommes persuadés que c’est
pour être prêt si la loi sur le schiste évolue. » Un sentiment partagé par
Sylvain Tanguy, maire (PS) du Plessis-Pâté. « Je suis persuadé qu’un jour la
loi changera et que vous aurez droit d’extraire du schiste, a pronostiqué l’élu
devant les dirigeants de Vermilion. A 200 m du forage, j’ai des pavillons. Je
dois les protéger, et l’extraction de gaz ou d’huile de schiste ne se fait pas
sans causer beaucoup de dégâts. Je suis donc par principe opposé. » Des
accusations que Vermilion contourne habilement. « La loi est claire en France :
on ne peut pas exploiter de schiste, martèle Jean-Pascal Simard. Nous serons
toujours respectueux des règles. » Ne niant pas au passage que si la loi
évoluait, la société procéderait à des fracturations hydrauliques pour
recueillir le schiste enfoui à plus de 2 km dans le sous-sol essonnien.
3 Quelle influence peut jouer le collectif ?
« Nous avons surtout un rôle de vigilance, plaide Claire-Lise Campion,
sénatrice (PS). Je suis attentive à ce dossier depuis de longs mois (NDLR : le 20 février, elle
recevait Vermilion pour un entretien informel). » Elle n’est pas la seule.
Parmi les huit maires consultés par le préfet pour la demande de mutation de la
concession de Total à Vermilion, beaucoup ont répondu défavorablement, plus
opposés aux risques que les puits servent un jour à l’extraction de schiste que
réellement contre le pétrole conventionnel.
« Le préfet recueille l’avis des maires à titre consultatif, rappelle Michel
Van den Bogaard, chef de pôle sous-sol à la Driee (Direction régionale et
interdépartementale de l’environnement et de l’énergie). In fine, c’est le
ministre des mines qui prendra l’arrêté ou non. » Associations et élus espèrent
donc que le gouvernement restera ferme et que la loi ne changera pas. « Mais il
faut rester prudent », lancent en chœur élus, riverains et associations de
défense de l’environnement.