L'Ecologie et la Solidarité en actes

Ghyslaine DEGRAVE milite depuis plus de 20 ans à la transformation de notre société où la nature, la biodiversité et l’humain sont les enjeux principaux. Chacun, dont le plus défavorisé, doit pouvoir vivre dans un environnement sain et agréable et dans un logement de qualité, pouvoir accéder à l’éducation et aux loisirs, se soigner, se déplacer, se former tout au long de la vie et bénéficier d’un travail épanouissant. Cela nécessite le respect de notre planète et de ses ressources naturelles, de vivre autrement, de produire et de consommer différemment...


23 avril 2013

Les espèces invasives pas forcément nuisibles ?

Quand les espèces invasives ont un impact positif sur la biodiversité avril 2013  CONSO GLOBE                                               

Les espèces invasives sont des animaux ou des végétaux qui ont été introduits dans un milieu qui n’est pas le leur, et qui l’envahissent. Si les espèces invasives représente la 3ème cause de perte de la biodiversité d’après l’IUCN, dans certains cas, elles auraient un impact positif sur l’environnement. Comme quoi, il ne faut jamais avoir d’a priori.

Biodiversité : l’ennemi n’est pas toujours celui qu’on croit

Les tortues de Floride relâchées par leurs propriétaires dans la nature quand elles deviennent trop grandes concurrencent fortement les espèces natives.
En 2011, un collectif de scientifiques américains lançaient un appel dans la très sérieuse revue Nature : on ne peut pas considérer une espèce invasive comme systématiquement menaçante.
Ils ont, en avançant quelques chiffres, démontré qu’il arrive très souvent que des espèces introduites n’aient aucune incidence sur le milieu. A contrario, et en raison de conditions environnementales qui changent, une espèce native peut très bien représenter un réel danger pour d’autres espèces. Les experts ont illustré leurs propos en citant aux Etats-Unis une espèce de coléoptère local qui s’attaque et met en péril des pins.
En d’autres termes, l’introduction d’un végétal ou d’un animal dans un milieu qui n’est pas le sien peut totalement lui être salutaire.

Des espèces invasives au secours d’un écosystème

Citons deux exemples d’espèces invasives qui se sont révélées bienveillantes pour leur nouvel environnement.

Les chèvrefeuilles de Pennsylvannie

Tomás Carlo et Jason Gleditch, deux biologistes américains, ont démontré que des plantes invasives fruitières pouvaient avoir un impact très positif sur un écosystème, et en particulier sur les oiseaux. Ils ont ainsi observé les chèvrefeuilles qui avaient été implantés dans une vallée de Pennsylvanie, et leur influence sur l’environnement.

Ils se sont ainsi rendu compte que l’abondance des chèvrefeuilles était à l’origine d’une grande diversité d’oiseaux dans la région, et même au-delà.
Autrement dit, les chèvrefeuilles et les oiseaux ont su développer une 
relation de mutualisme, qui décrit en biologie une relation où deux ou plusieurs espèces interagissent en bénéficiant mutuellement de l’existence de l’autre.
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Des marécages sauvés par le crabe vert

Autre exemple avec le crabe vert européen. Carcinus maenas est l’une des espèces les plus invasives qu’il soit. Il a colonisé une grande partie des côtes américaines, australiennes, néozélandaises, russes et du sud de l’Afrique. Le crabe vert figure d’ailleurs sur la liste des 100 pires espèces invasives du monde. C’est simple, ce petit crabe mange tout sur son passage.

Et pourtant, une équipe de scientifiques a découvert que les crabes verts savaient aussi réparer les dégâts causés par les hommes. C’est ce qui est en train de se passer en Nouvelle-Angleterre. Dans cette région des Etats-Unis, la pêche et la chasse au crabe avaient eu raison d’une bonne partie des prédateurs natifs qui avaient l’habitude de manger une espèce native commune : le crabe violet des marécages (Sesarma reticulatum). Celui-ci n’ayant plus leurs prédateurs s’est développé au point de compter 4 fois plus d’individus qu’auparavant. Le crabe violet se nourrit particulièrement d’une plante de l’espèce Spartina alterniflora, prédominante dans les marécages salés, la mettant ainsi en danger. La trop forte présence des crabes violets a dégradé les marécages salés.
Or, on s’est aperçu que dans les zones où étaient présents des crabes verts, les marécages salés  se portaient beaucoup mieux ! Les crabes verts chassent en effet les violets, aidant ainsi les plantes à survivre.
Ceci est donc la preuve qu’il faut, avant de décider d’éradiquer une espèce car elle a été introduite, étudier son réel impact sur l’environnement. Introduire une espèce végétale ou animale dans un milieu qui n’est pas le sien peut être bénéfique pour tout un écosystème.