Ces résidus de médicaments que l’on
retrouve dans l’eau du robinet
En France, la directive cadre sur l'eau (DCE) adoptée en 2000 a fixé comme objectif d'atteindre le « bon état écologique des masses d'eau » en 2015.
Dans la foulée du Grenelle de l'environnement, 600 stations d'épuration défectueuses étaient censées être mises aux normes. Mais l'échéance de 2015 est repoussée de plus en plus...
Si déjà de nombreuses
études avaient révélé que les stations d’épuration ne permettaient pas
d’éliminer toute trace des principes actifs de médicaments, un article publié
dans la revue médicale « Prescrire » vient confirmer la présence de «
présence de micropolluants dans les eaux ».
« Les substances pharmaceutiques utilisées en médecine humaine ou vétérinaire
sont en partie rejetées dans l'environnement après consommation »,explique la revue Prescrire. « Éliminées par voie urinaire
ou fécale, elles sont rejetées dans les eaux
usées soit
sous la forme active initiale, soit sous forme de substances dérivées, actives
ou non. » Or les stations d'épuration n'éliminent pas complètement les médicaments présents dans les eaux usées. Le
risque de retrouver des résidus de certaines molécules dans l’eau du robinet est donc réel.
Féminisation des
poissons mâles
Comme l’indiquent les
rédacteurs de la revue Prescrire,
« le risque
environnemental et sanitaire lié
à la présence de micropolluants dans les eaux, dont les médicaments, est encore
mal connu. Des effets de cette micropollution ont été observés sur
certaines espèces aquatiques, notamment une féminisation de poissons mâles. Fin
2012, aucun effet sur les humains n’est encore connu ».
« Sans attendre
que des risques avérés soient démontrés, la présence de médicaments dans les
eaux usées et leur persistance après traitement sont des raisons
supplémentaires de s’efforcer à réduire les rejets de
médicaments », soulignent les auteurs. Selon eux, il
conviendrait « d’éviter la surconsommation et d’encourager le
retour des médicaments non utilisés en pharmacie d’officine ».
Les Européens consomment en effet plus de 3000
composés pharmaceutiques. En France, les antibiotiques représentent à eux seuls un volume de
2500 tonnes par an en médecine humaine et de 1300 tonnes en médecine
vétérinaire.
Conséquences directes
sur la pollution des rivières
Si l’eau du
robinet est chargée en
micropolluants, les rivières récupèrent quant à elles les eaux usagées chargées
de toutes ces molécules que les stations d’épuration n’arrivent pas à nettoyer. « Outre les dérivés hormonaux et les anticancéreux,
les plus préoccupants sont les antibiotiques, qui génèrent probablement des
problèmes de résistance aux antibiotiques. Parmi les substances qui ne se
dégradent pas, 40 % partent en rivière, 60 % sont retenues dans les boues des
stations d’épuration », expliquait
déjà en 2008 le toxicologue Jean-Marie
Haguenoer.
Parmi ces résidus de
médicaments, les molécules retrouvées lors des récentes analyses, la molécule
que les chercheurs retrouvent le plus est le paracétamol, puis
vient l’ibuprofène et
enfin toute la gamme des anti-inflammatoires aux antidépresseurs.
Les chercheurs ont même détecté lors de ces analyses des traces de résidus de pilules contraceptives.