L'Ecologie et la Solidarité en actes

Ghyslaine DEGRAVE milite depuis plus de 20 ans à la transformation de notre société où la nature, la biodiversité et l’humain sont les enjeux principaux. Chacun, dont le plus défavorisé, doit pouvoir vivre dans un environnement sain et agréable et dans un logement de qualité, pouvoir accéder à l’éducation et aux loisirs, se soigner, se déplacer, se former tout au long de la vie et bénéficier d’un travail épanouissant. Cela nécessite le respect de notre planète et de ses ressources naturelles, de vivre autrement, de produire et de consommer différemment...


12 février 2013

Un budget européen en récession = baisse de l'aide alimentaire

Dans la logique du traité budgétaire européen, les chefs d’État ou de gouvernement de l’Union européenne, réunis à Bruxelles les 7 et 8 février, ont fini par trouver un mauvais accord sur le budget européen 2014-2020. Pour la première fois dans l’histoire, le budget pluriannuel diminue. Alors qu’il atteignait péniblement 993,6 milliards d’euros pour la période 2007-2013, pour les sept prochaines années il sera plafonné à 960 milliards, soit un recul de 3,4%.
Plus grave, les crédits de paiement passent de 942,8 à 908,4 milliards d’euros, soit 0,95% du RNB de l’Union européenne. Ainsi, les crédits alloués à la cohésion économique, sociale et territoriale diminuent de 354,8 à 325 milliards et ceux de la croissance durable et ressources naturelles (agriculture) de 420,7 à 373 milliards. Si le montant du budget pluriannuel accuse un retard par rapport à la période 2007-2013, c’est encore plus criant comparé à la proposition de la Commission de 1.047,5 milliards et même à celle du Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, de 972 milliards. Les États membres exigeant des coupes sévères, Royaume-Uni en tête, mais aussi l’Allemagne, les pays nordiques et les Pays-Bas ont obtenu gain de cause. Désormais, c’est l’austérité à tous les étages, au niveau de l’Union européenne et des Etats membres. L’accord conclu traduit la politique du chacun pour soi qui sévit actuellement et dont l’Europe fait les frais.


Une traduction immédiate : La baisse du programme européen d'aide alimentaire.
Budget de rigueur et égoïsmes nationaux ont primé lors des arbitrages sur le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD*), dans lequel vont être réalisées des coupes claires. Cette aide alimentaire passera en effet de 500 à 300 millions d’euros par an. Les élu/es écologistes expriment leur très grande inquiétude face à ce recul indigne de la solidarité européenne d’autant plus que le PEAD représente 45% des denrées distribuées pour un organisme tel que la Banque Alimentaire de Paris et d’Ile de France.

« C'est une remise en cause inacceptable du principe de solidarité qui est à la base du projet européen », déclare Karima Delli, eurodéputée EELV d'Île-de-France, qui déplore l'attitude indigne des chefs d'Etat et des gouvernements et qui rappelle que l’Union Européenne s'est fixé pour objectif de sortir 20 millions de personnes de la pauvreté entre 2010 et 2020. « Le nombre de personnes menacées de pauvreté dans l'UE est déjà passé de 113 millions en 2009 à plus de 120 millions en 2012. L’aide aux plus démunis constitue depuis près de vingt-cinq ans un rempart pour plus de 18 millions de personnes souffrant de privation matérielle grave », ajoute-t-elle. 


Laure Lechatellier, vice-présidente de la Région Ile-de-France chargée de l’action sociale déclare : « C’est une décision incompréhensible : le nombre de personnes ayant besoin de cette aide ne cesse d’augmenter, et les Etats décident des baisser leurs participations à cette aide européenne ! »

Pour Mounir Satouri, cette décision est un recul de solidarité inouï. Le Président du groupe EELV en Ile-de-France rappelle que par ailleurs, depuis 4 ans, la Région a souhaité à titre exceptionnel, au regard des effets de la crise économique sur les publics les plus précaires, accentuer son effort en faveur de l’aide alimentaire apportée par les associations de terrain. Ainsi, elle a alloué annuellement depuis 2008 un montant d’autorisations d’engagement de 840.030 € à l’aide alimentaire exceptionnelle mise enœuvre par 7 puis 9 associations qui sont : Les Restaurants du Coeur, La Banque alimentaire Paris Ile-de-France (BAPIF), le Conseil régional d’Ile-de-France du Secours populaire Français, la Croix- Rouge Française, l’Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES), le Secours Catholique, l’Armée du Salut, la Chorba, une Chorba pour tous.

* Créé en 1986 par Jacques Delors et sous l’impulsion du mouvement associatif français, européen et de Coluche, le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) permet depuis 25 ans d’apporter une aide alimentaire à 13 millions d’Européens vivant sous le seuil de pauvreté et dans l’incapacité de s’alimenter par leurs propres moyens. Doté jusqu’à présent d’un budget de 500 millions d’euros – ce qui correspond à 1% du budget de la PAC et représente environ 1 euro par Européen – ce programme permet à 4  associations françaises  – les Banques Alimentaires, la Croix-Rouge française, les Restos du Cœur et le Secours populaire français – de venir en aide à 4 millions de personnes dans le besoin, partout en France.