Un cheval abattu en Roumanie devient lasagnes
de bœuf luxembourgeoises sur les tables congelées de France, Grande-Bretagne et
Bénélux, après avoir transité virtuellement au pays du cassoulet en passant par
Chypre et les Pays-Bas.
L’agroalimentaire mondialisé nous réserve
de bien mauvaises surprises ! Le marché mondial ne recherche que le profit.
Les sous-traitants seraient incapables d’identifier la nature d’un produit… De
qui se moque-t-on ?
Les scandales alimentaires s’amplifient au
rythme de l’industrialisation agroalimentaire dopée par la mondialisation
libérale. Le produit agricole n’est plus qu’un support
abstrait. Les éleveurs sont acculés, les abattoirs de proximité ferment. Le
productivisme agricole, la financiarisation des matières premières et de la
transformation nous mènent droit dans le mur.
Il revient au gouvernement et à la justice de
faire la lumière sur cette affaire, avec toute la transparence voulue, mais
aussi d’en tirer les conséquences politiques qui s’imposent.La sécurité alimentaire et la traçabilité des
produits sont une priorité de santé publique.
Les écologistes demandent aux Ministres de l’agriculture et
de l’agroalimentaire de favoriser le développement d’une agriculture paysanne
et biologique, afin de permettre la relocalisation des productions et de la
transformation dans la prochaine loi d’avenir agricole, programmée pour fin
2013.
Cette loi d’avenir agricole serait un signe à
l’Europe entière car c’est à cette échelle qu’il faut désormais raisonner comme
le soulignait José Bové dans son rapport sur la chaine alimentaire.
Findus / Viande de cheval: l'industrie agroalimentaire nous
fait avaler n'importe quoi!
Après l'affaire de la vache folle, mais aussi plus
récemment d'Escherichia coli, se retrouve-t-on face à un nouveau
dysfonctionnement agroalimentaire européen d'ampleur avec l'affaire de la
viande de cheval remplaçant la viande de bœuf dans les produits surgelés ?
Réaction de Michèle Rivasi, députée européenne Vice présidente du groupe des
Verts/ALE au Parlement européen.
"Il y a là sans aucun doute une vaste tromperie volontaire, et donc criminelle,
au détriment du consommateur qui ne sait plus ce qu'il a dans son assiette. La
viande de cheval, beaucoup moins chère en Roumanie qu'en France, a été utilisée
dans des produits de grande consommation afin de faire des économies, le tout
dans l'absence la plus totale de transparence. La situation est invraisemblable
et incompréhensible: les différents maillons de la chaîne d'approvisionnement
rejettent chacun la faute sur les autres et la viande apparaît au centre d'un
business ressemblant fortement à la spéculation financière. Au-delà des
problèmes générés par un excès de sous-traitance (1) et au-delà
de la nécessité de raccourcir
les circuits d'approvisionnement pour
éviter ce genre de surprise désagréable, se pose la question des risques
sanitaires. En effet, il apparaît vraisemblable que ces chevaux roumains aient
été porteurs du virus du Sida du cheval. Ont-t-ils été traités au
phénylbutazone, un médicament vétérinaire anti-inflammatoire fréquemment
utilisé dans l'élevage équin qui présente un risque pour la santé humaine
? Toute la lumière doit être faite sur cette affaire et les Etats-membres de
l'UE doivent coopérer de manière exemplaire."
En mai 2010, grâce à la mobilisation des écologistes, le
Parlement européen avait rejeté une proposition de la Commission européenne autorisant
l'utilisation de la thrombine bovine/porcine, un additif
alimentaire utilisé comme colle pour agglomérer des morceaux de viande
issus de différents animaux. "Avec
la thrombine, l'industrie agroalimentaire voulait accroître ses marges en
agglomérant des bouts de viande impossibles à vendre autrement, et trompait
ainsi le consommateur sur la qualité du produit de manière délibérée. C'est
aujourd'hui exactement la même logique, on se moque éperdument de la
transparence et du
respect des consommateurs. Les
industriels bénéficient d'une trop grande marge de manœuvre et de confiance,
c'est pourquoi il faut affiner le système de contrôle pour que l'histoire cesse
de se répéter", résume
Michèle Rivasi.
Et l'eurodéputée de conclure: "Quand je vois que
l'UE impose aujourd'hui aux éleveurs le puçage électronique (Rfid) de leur
bétail, je me demande à quoi peuvent bien servir de telles usines à gaz
réglementaires, aussi coûteuses que contraignantes. Une seule solution pour
s'assurer de la qualité des produits apparaît: rapprocher le producteur du
consommateur, manger local en privilégiant les circuits courts".
(1) ce nouveau scandale alimentaire implique des
intermédiaires de six nationalités différentes: le groupe Findus (basé en
Suède) sous-traitait en effet la fabrication des plats à l’usine
luxembourgeoise de Tavola, filiale de Comigel (implanté à Metz), fourni par
l’importateur Spanghero (installé à Castelnaudary), qui «a acquis la viande surgelée auprès
d’un trader chypriote, qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux
Pays-Bas, ce dernier s’étant fourni auprès d’un abattoir et d’un atelier de
découpe situés en Roumanie», expliquait samedi un communiqué de Benoît
Hamon, le ministre délégué à la Consommation.