Les insecticides tueurs
d'abeilles
La
pseudo-interdiction des néonicotinoides annoncée par la Commission Européenne
est en fait un leurre échafaudé par les firmes agrochimiques pour faire
accepter définitivement leurs pesticides tueurs d'abeilles!
Si nous n'agissons pas
immédiatement, ce plan entrera en vigueur dans les jours qui viennent.
Une gigantesque escroquerie est en train
de se mettre en place à Bruxelles, aux dépens des abeilles, de la biodiversité... et de tous les citoyens qui se battent depuis des
années pour faire interdire les pesticides « tueurs d'abeilles » en Europe et
dans le monde !
Nous devons la stopper net, avant qu'elle n'ait des
conséquences dramatiques sur nos cultures et notre alimentation à l'avenir.
Après des années de lutte acharnée des citoyens et des
apiculteurs, la Commission européenne s'est officiellement décidé à interdire 3
pesticides néonicotinoïdes extrêmement dangereux pour les abeilles.
Or, cette
soi-disant interdiction n'aura aucun effet sur la santé des abeilles !
En fait, les 3 pesticides
tueurs-d'abeilles seront interdits seulement quelques mois par an... et
largement utilisés tout le reste de l'année – sur près de 85% des céréales, et sur une grande partie
des cultures de fruits, légumes et herbes aromatiques – empoisonnant largement
les sols et l'eau absorbés ensuite par les cultures soi-disant « non-traitées
».
De nombreuses études ont montré que ces substances ultra-toxiques
peuvent rester présentes dans le sol jusqu'à trois ans après le traitement, et
que les cultures non-traitées replantées sur le même terrain révèlent des
traces de néonicotinoïdes jusque dans leur pollen... que viennent ensuite
butiner les abeilles !
Le compromis que devrait adopter
Bruxelles est en réalité un plan désastreux imposé par les multinationales
agrochimiques comme Bayer, Syngenta et compagnie, qui mènent depuis des mois un lobbying effrené et
extrêmement agressif pour arriver à ce résultat.
Objectif : Contrer la volonté des citoyens européens et
empêcher l'interdiction REELLE des pesticides tueurs-d'abeilles –
malgré les recommandations expresses des autorités sanitaires françaises et
européennes... Pour sécuriser les centaines de millions d'euros de
profit annuel que ces produits rapportent aux grosses firmes qui les produisent
!
Officiellement, les 3 pesticides les plus dangereux seront
interdits pour une durée-test de deux ans à l'issue de laquelle les autorités
sanitaires contrôleront si l'interdiction a mis un terme au massacre des
abeilles, et s'il faut ou non interdire définitivement les néonicotinoides.
A la fin de la période-test de deux ans, les
multinationales pourront prouver que les abeilles continuent d'être décimées malgré
la soi-disant interdiction de leurs produits, et qu'ils n'y sont pour rien. Ils
auront réussi à blanchir leurs pesticides et à maintenir leurs profits – et
pour longtemps ! C'est un plan diabolique, qui nous promet un désastre
environnemental sans précédent.
Si nous ne faisons rien, voici ce qui va
se passer dans les 2 prochaines années :
- les pesticides néonicotinoïdes continueront à être
utilisés pour les cultures d'hiver, imprégnant ainsi durablement les sols et
l'eau...
- les cultures de printemps et d'été "non
traitées" seront infectées par les résidus de ces pesticides, et
empoisonneront les abeilles...
- la mortalité massive des abeilles ne déclinera pas,
malgré la soi-disant "interdiction" des néonicotinoïdes
- Syngenta, Monsanto, Bayer et tous les laboratoires
agrochimiques pourront à loisir clamer que leurs produits n'ont rien à voir
avec la mortalité des abeilles, et obtenir leur réhabilitation totale sur le
marché. Et là, il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer…
Il faut tuer dans l'œuf ce plan
démoniaque, et exiger de la Commission européenne qu'elle interdise purement et
simplement ces pesticides tueurs d'abeilles, comme elle prétend le faire
d'ailleurs !
Pas de compromissions, pas de petits
arrangements... Si l'on doit faire un test de 2 ans pour évaluer réellement
l'impact de ces pesticides sur les pollinisateurs, alors allons-y franchement !
Les agriculteurs eux-mêmes n'auraient pas à y perdre :
d'après l'INRA, on pourrait réduire rapidement la
consommation de pesticides en France de 30 à 40 % – sans aucune perte de
revenus pour les agriculteurs – en revenant simplement à un système de rotation
des cultures qui permettrait de combattre efficacement les parasites en
réduisant durablement l'usage des traitements chimiques.
Ca représente tout de même, pour la France uniquement, plus
de 20 000 tonnes de substances ultra-toxiques déversés chaque année en pure
perte dans nos campagnes !
En fait, les seuls qui seraient ébranlés, ce seraient les
chiffres d'affaires des géants de l'agrochimie... Mais la Nature n'a que faire
de leurs profits !
Les abeilles sont
mortellement désorientées par une faible dose d'insecticide
En mars 2012, pour la première
fois, une équipe de
recherche française mettait en évidence le rôle d'un insecticide dans le déclin
des abeilles, non pas en les tuant directement mais en les
désorientant. La substance active en cause : un insecticide de la famille des
néonicotinoïdes[1], le thiaméthoxam (notamment vendu et connu sous
l'appellation Cruiser). Les travaux des chercheurs ont ainsi montré que
l'exposition à une faible dose, bien inférieure à la dose létale, de cette
molécule entraîne une disparition des abeilles deux à trois fois supérieure à
la normale.
Suite à cette étude, l'Autorité
Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA en anglais) avait été chargée
par la Commission européenne de réévaluer les risques pour les abeilles de 3
types d'insecticides néonicotinoïdes : imidaclopride, clothianidine et
thiametoxam[2] qui sont utilisés comme traitement des semences ou sous forme de
granules. L'EFSA a lors étudié leurs effets aigus et chroniques sur la survie
et le développement des colonies d'abeilles, leurs effets sur les larves
d'abeilles et le comportement des abeilles et enfin, les risques associés à des
doses sublétales[3] de ces trois substances.
Si l'avis de l'EFSA note « un certain nombre de
lacunes dans les données qu'il conviendrait de compléter afin de procéder à des
évaluations plus approfondies des risques potentiels associés à la
clothianidine, à l'imidaclopride et au thiaméthoxame pour les abeilles »,
certaines conclusions sont préoccupantes au niveau de l'exposition des abeilles
via les poussières produites par les graines ou les granules pendant le semis,
la contamination par le pollen et le nectar et, dans le cas du maïs, traité par
le thiaméthoxame, l'exposition par la guttation[4] de la plante. Dans ce
dernier cas, l'EFSA note que « les études sur le terrain démontrent un
effet aigu sur les abeilles exposées » à ces insecticides.
La Commission
européenne propose de suspendre ces insecticides
Les néonicotinoïdes sont donc
dangereux pour les abeilles. C'est pourquoi, la Commission européenne a proposé
de limiter l'utilisation, à compter du 1er décembre 2013, de trois
néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame). Ces restrictions
s'appliquent pour le traitement des semences, l'application au sol (en
granulés) et le traitement foliaire des végétaux, y compris les céréales (à
l'exception des céréales d'hiver), qui attirent les abeilles. Les utilisations
autorisées restantes seront réservées aux professionnels. Les exceptions seront
limitées à la possibilité de traiter les cultures attrayantes pour les abeilles
sous serre, ainsi que dans des champs en plein air après la floraison
uniquement.
Malheureusement, les États membres
ne sont pas parvenus à une majorité qualifiée pour ou contre la proposition de
la Commission de restreindre l'utilisation de ces trois insecticides. A ce
titre, le commissaire européen à la santé et à la politique des consommateurs,
M. Tonio Borg, a déclaré : "Bien qu'une majorité d'États membres
soutienne à présent notre proposition, la majorité qualifiée requise n'a pas
été atteinte. Il revient maintenant à la Commission de prendre une décision.
Étant donné que notre proposition se justifie par un certain nombre de risques
pour la santé des abeilles recensés par l'Autorité européenne de sécurité des
aliments, la Commission maintiendra son texte dans les prochaines semaines." Et
de conclure : "Je m'engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour
que soit assurée la protection de nos abeilles, qui sont vitales pour notre
écosystème et dont la contribution à l'agriculture européenne dépasse les 22
milliards d'euros chaque année."
Quinze États membres (dont la
France et l'Allemagne) se sont exprimés en faveur des restrictions, huit États
membres (dont le Royaume-Uni, l'Italie et la Hongrie), ont voté contre et
quatre (dont l'Irlande, présidente en exercice de l'UE), se sont abstenus lors
du vote en comité d'appel.
Vu que la majorité qualifiée n'a
pas été obtenue, en l'absence de compromis entre la Commission et les États
membres dans les 2 mois, la décision finale reviendra à la Commission
européenne qui devrait, normalement, prononcer la suspension de ces trois
insecticides.
Cette issue, qui s'annonce très
favorable pour les défenseurs des abeilles, satisfait en partie les
associations de protection de l'environnement comme en témoigne Générations
Futures dont le porte-parole, F. Veillerette, a déclaré : "La
Commission va maintenant pouvoir comme elle l'a annoncée retirer les
autorisations d'usages de ces 3 insecticides. Nous espérons qu'à terme tous les
usages de ces insecticides seront interdits et qu'on interdira également
prochainement les deux autres néonicotinoides dangereux: l'acétamipride et le thiaclopride."
Le réseau PAN Europe (Pesticide
Action Network) a, quant à lui, évoqué un « vote historique pour
l'environnement » alors
que les pressions des multinationales de la chimie comme Bayer et Syngenta ont
été « incroyables » sur les Etats membres afin qu'ils n'approuvent
pas la proposition de la Commission Européenne. De plus, des pays comme
l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Hongrie et l'Autriche ont
« développé d'énormes efforts pour saper la proposition de la
Commission et recueillir une majorité d'États membres en faveur d'une
proposition modifiée avec des possibilités d'exemptions qui auraient affaibli
l'interdiction proposée. »
PAN Europe souligne néanmoins que cette proposition ne va pas encore assez loin
: « ces produits chimiques toxiques seront encore autorisés sur céréales
d'hiver et même si les céréales ne sont pas attrayantes pour les abeilles, les
sol seront contaminés ». C'est une source de contamination via les
oléagineux qui seront cultivés ensuite mais aussi pour les bourdons et les
abeilles sauvages qui nichent dans le sol.
De surcroît, le temps de dégradation (demi-vie) de ces produits chimiques peut
prendre des années et deux ans ne suffiront donc pas pour nettoyer les milieux.
Il ne sera alors pas possible de conclure sur l'efficacité de cette suspension.
De plus, d'autres néonicotinoïdes (Thiaclopride et acetamiprid), moins
toxiques mais utilisés avec des doses plus importantes continueront d'être
employés.
Pour ces raisons, PAN Europe « demande à la Commission d'aller plus loin
et interdire tous les néonicotinoïdes, pour une période de 10 ans afin de
clarifier efficacement leur rôle dans la disparition massive des abeilles en
Europe ».
L'UIPP (Union des Industries pour
la Protection des Plantes) qui représente les fabricants des pesticides
en France, « déplore la proposition européenne à caractère politique et
non scientifique ». Dans uncommuniqué de
l'UIPP, Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'UIPP déclare :
"Cette proposition est basée sur une interprétation politique du
principe de précaution. Elle est d'autant plus dangereuse qu'elle va continuer
à propager une idée fausse laissant croire que la mortalité des abeilles sera
résolue en interdisant ces insecticides. Nous avons le sentiment que ces
innovations majeures ont été sacrifiées."
En effet, l'UIPP considère que « la famille des néonicotinoïdes est une
solution efficace pour protéger à très faible dose et de manière ciblée les
cultures de maïs, de colza, de tournesol et de légumes. La non disponibilité de
ces 3 produits aura un impact fort sur la compétitivité, la productivité et la
durabilité de l'agriculture européenne. » et demande « dès maintenant
la mise en oeuvre d'une expérimentation à large échelle pour connaître les
vraies causes de difficulté de la filière apicole et mesurer de manière fiable
l'indicateur de "mortalité des abeilles" ».
Le Copa-Cogeca qui rassemble les
grands syndicats agricoles européens, a demandé le report de la mesure à 2014
et insisté sur les lourdes pertes financières et sociales d'une interdiction.
L'organisation parle de 2,8 milliards d'euros de pertes et la mise en péril de
50 000 emplois.
Le Collectif Sauvons les fruits
et légumes de France, affirme que « cette décision est le résultat d'un
lobbying démagogique et effréné d'associations environnementalistes. Celles-ci
se sont lancées depuis de nombreuses années dans un combat idéologique au
dépend de l'agriculture et de l'environnement. » Bernard Géry, maraicher et
porte-parole du Collectif souligne que "Cette décision est
caractéristique de l'absence de prise en compte de la réalité de terrain. Nous
allons encore en pâtir...mais personne ne se souciera évidemment de la baisse
des volumes de production, des emplois perdus et des exploitations menacées !".
La Commission européenne a
finalement décidé le 24 mai 2013 de restreindre l'utilisation des trois
pesticides (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame) jugés nocifs
pour la population des abeilles d'Europe. Les restrictions entreront en vigueur
le 1er décembre 2013 et seront réexaminées au plus tard dans un délai de deux
ans.
Maintenant, les États membres
doivent retirer ou modifier les autorisations existantes pour se conformer aux
restrictions de l'UE d’ici le 30 septembre 2013. Ils peuvent autoriser
l'utilisation des stocks existants jusqu'au 30 novembre au plus tard. Les
autorités nationales sont responsables du respect des restrictions.
Dès que de
nouvelles informations seront disponibles, et au plus tard dans les deux ans,
la Commission réexaminera les restrictions adoptées pour tenir compte des
évolutions intervenues dans le domaine scientifique et technique.