L'Ecologie et la Solidarité en actes

Ghyslaine DEGRAVE milite depuis plus de 20 ans à la transformation de notre société où la nature, la biodiversité et l’humain sont les enjeux principaux. Chacun, dont le plus défavorisé, doit pouvoir vivre dans un environnement sain et agréable et dans un logement de qualité, pouvoir accéder à l’éducation et aux loisirs, se soigner, se déplacer, se former tout au long de la vie et bénéficier d’un travail épanouissant. Cela nécessite le respect de notre planète et de ses ressources naturelles, de vivre autrement, de produire et de consommer différemment...


1 juin 2013

Insecticides et mort des abeilles

Les insecticides tueurs d'abeilles
La pseudo-interdiction des néonicotinoides annoncée par la Commission Européenne est en fait un leurre échafaudé par les firmes agrochimiques pour faire accepter définitivement leurs pesticides tueurs d'abeilles!
Si nous n'agissons pas immédiatement, ce plan entrera en vigueur dans les jours qui viennent.
Une gigantesque escroquerie est en train de se mettre en place à Bruxelles, aux dépens des abeilles, de la biodiversité... et de tous les citoyens qui se battent depuis des années pour faire interdire les pesticides « tueurs d'abeilles » en Europe et dans le monde !
Nous devons la stopper net, avant qu'elle n'ait des conséquences dramatiques sur nos cultures et notre alimentation à l'avenir. 



Après des années de lutte acharnée des citoyens et des apiculteurs, la Commission européenne s'est officiellement décidé à interdire 3 pesticides néonicotinoïdes extrêmement dangereux pour les abeilles.
Or, cette soi-disant interdiction n'aura aucun effet sur la santé des abeilles !
En fait, les 3 pesticides tueurs-d'abeilles seront interdits seulement quelques mois par an... et largement utilisés tout le reste de l'année – sur près de 85% des céréales, et sur une grande partie des cultures de fruits, légumes et herbes aromatiques – empoisonnant largement les sols et l'eau absorbés ensuite par les cultures soi-disant « non-traitées ».
De nombreuses études ont montré que ces substances ultra-toxiques peuvent rester présentes dans le sol jusqu'à trois ans après le traitement, et que les cultures non-traitées replantées sur le même terrain révèlent des traces de néonicotinoïdes jusque dans leur pollen... que viennent ensuite butiner les abeilles ! 

Le compromis que devrait adopter Bruxelles est en réalité un plan désastreux imposé par les multinationales agrochimiques comme Bayer, Syngenta et compagnie, qui mènent depuis des mois un lobbying effrené et extrêmement agressif pour arriver à ce résultat.
Objectif : Contrer la volonté des citoyens européens et empêcher l'interdiction REELLE des pesticides tueurs-d'abeilles – malgré les recommandations expresses des autorités sanitaires françaises et européennes... Pour sécuriser les centaines de millions d'euros de profit annuel que ces produits rapportent aux grosses firmes qui les produisent !
Officiellement, les 3 pesticides les plus dangereux seront interdits pour une durée-test de deux ans à l'issue de laquelle les autorités sanitaires contrôleront si l'interdiction a mis un terme au massacre des abeilles, et s'il faut ou non interdire définitivement les néonicotinoides.
A la fin de la période-test de deux ans, les multinationales pourront prouver que les abeilles continuent d'être décimées malgré la soi-disant interdiction de leurs produits, et qu'ils n'y sont pour rien. Ils auront réussi à blanchir leurs pesticides et à maintenir leurs profits – et pour longtemps ! C'est un plan diabolique, qui nous promet un désastre environnemental sans précédent.

Si nous ne faisons rien, voici ce qui va se passer dans les 2 prochaines années :
- les pesticides néonicotinoïdes continueront à être utilisés pour les cultures d'hiver, imprégnant ainsi durablement les sols et l'eau...
- les cultures de printemps et d'été "non traitées" seront infectées par les résidus de ces pesticides, et empoisonneront les abeilles...
- la mortalité massive des abeilles ne déclinera pas, malgré la soi-disant "interdiction" des néonicotinoïdes
- Syngenta, Monsanto, Bayer et tous les laboratoires agrochimiques pourront à loisir clamer que leurs produits n'ont rien à voir avec la mortalité des abeilles, et obtenir leur réhabilitation totale sur le marché. Et là, il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer…
Il faut tuer dans l'œuf ce plan démoniaque, et exiger de la Commission européenne qu'elle interdise purement et simplement ces pesticides tueurs d'abeilles, comme elle prétend le faire d'ailleurs ! Pas de compromissions, pas de petits arrangements... Si l'on doit faire un test de 2 ans pour évaluer réellement l'impact de ces pesticides sur les pollinisateurs, alors allons-y franchement !
Les agriculteurs eux-mêmes n'auraient pas à y perdre :
d'après l'INRA, on pourrait réduire rapidement la consommation de pesticides en France de 30 à 40 % – sans aucune perte de revenus pour les agriculteurs – en revenant simplement à un système de rotation des cultures qui permettrait de combattre efficacement les parasites en réduisant durablement l'usage des traitements chimiques.
Ca représente tout de même, pour la France uniquement, plus de 20 000 tonnes de substances ultra-toxiques déversés chaque année en pure perte dans nos campagnes !
En fait, les seuls qui seraient ébranlés, ce seraient les chiffres d'affaires des géants de l'agrochimie... Mais la Nature n'a que faire de leurs profits !
Alors s'il vous plaît, aidez Pollinis à créer une véritable onde de choc à travers le pays et l'Europe toute entière, pour que notre pression sur la Commission européenne soit plus forte que celle des lobbys agrochimistes qui sacrifieraient sans vergogne votre santé, votre alimentation et l'avenir même de la Nature pour satisfaire à leurs profits immédiats.

Les abeilles sont mortellement désorientées par une faible dose d'insecticide

En mars 2012, pour la première fois, une équipe de recherche française mettait en évidence le rôle d'un insecticide dans le déclin des abeilles, non pas en les tuant directement mais en les désorientant. La substance active en cause : un insecticide de la famille des néonicotinoïdes[1], le thiaméthoxam (notamment vendu et connu sous l'appellation Cruiser). Les travaux des chercheurs ont ainsi montré que l'exposition à une faible dose, bien inférieure à la dose létale, de cette molécule entraîne une disparition des abeilles deux à trois fois supérieure à la normale.
Suite à cette étude, l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA en anglais) avait été chargée par la Commission européenne de réévaluer les risques pour les abeilles de 3 types d'insecticides néonicotinoïdes : imidaclopride, clothianidine et thiametoxam[2] qui sont utilisés comme traitement des semences ou sous forme de granules. L'EFSA a lors étudié leurs effets aigus et chroniques sur la survie et le développement des colonies d'abeilles, leurs effets sur les larves d'abeilles et le comportement des abeilles et enfin, les risques associés à des doses sublétales[3] de ces trois substances.
Si l'avis de l'EFSA note « un certain nombre de lacunes dans les données qu'il conviendrait de compléter afin de procéder à des évaluations plus approfondies des risques potentiels associés à la clothianidine, à l'imidaclopride et au thiaméthoxame pour les abeilles », certaines conclusions sont préoccupantes au niveau de l'exposition des abeilles via les poussières produites par les graines ou les granules pendant le semis, la contamination par le pollen et le nectar et, dans le cas du maïs, traité par le thiaméthoxame, l'exposition par la guttation[4] de la plante. Dans ce dernier cas, l'EFSA note que « les études sur le terrain démontrent un effet aigu sur les abeilles exposées » à ces insecticides.

La Commission européenne propose de suspendre ces insecticides

Les néonicotinoïdes sont donc dangereux pour les abeilles. C'est pourquoi, la Commission européenne a proposé de limiter l'utilisation, à compter du 1er décembre 2013, de trois néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame). Ces restrictions s'appliquent pour le traitement des semences, l'application au sol (en granulés) et le traitement foliaire des végétaux, y compris les céréales (à l'exception des céréales d'hiver), qui attirent les abeilles. Les utilisations autorisées restantes seront réservées aux professionnels. Les exceptions seront limitées à la possibilité de traiter les cultures attrayantes pour les abeilles sous serre, ainsi que dans des champs en plein air après la floraison uniquement.
Malheureusement, les États membres ne sont pas parvenus à une majorité qualifiée pour ou contre la proposition de la Commission de restreindre l'utilisation de ces trois insecticides. A ce titre, le commissaire européen à la santé et à la politique des consommateurs, M. Tonio Borg, a déclaré : "Bien qu'une majorité d'États membres soutienne à présent notre proposition, la majorité qualifiée requise n'a pas été atteinte. Il revient maintenant à la Commission de prendre une décision. Étant donné que notre proposition se justifie par un certain nombre de risques pour la santé des abeilles recensés par l'Autorité européenne de sécurité des aliments, la Commission maintiendra son texte dans les prochaines semaines." Et de conclure : "Je m'engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que soit assurée la protection de nos abeilles, qui sont vitales pour notre écosystème et dont la contribution à l'agriculture européenne dépasse les 22 milliards d'euros chaque année.
Quinze États membres (dont la France et l'Allemagne) se sont exprimés en faveur des restrictions, huit États membres (dont le Royaume-Uni, l'Italie et la Hongrie), ont voté contre et quatre (dont l'Irlande, présidente en exercice de l'UE), se sont abstenus lors du vote en comité d'appel.
Vu que la majorité qualifiée n'a pas été obtenue, en l'absence de compromis entre la Commission et les États membres dans les 2 mois, la décision finale reviendra à la Commission européenne qui devrait, normalement, prononcer la suspension de ces trois insecticides.
Cette issue, qui s'annonce très favorable pour les défenseurs des abeilles, satisfait en partie les associations de protection de l'environnement comme en témoigne Générations Futures dont le porte-parole, F. Veillerette, a déclaré : "La Commission va maintenant pouvoir comme elle l'a annoncée retirer les autorisations d'usages de ces 3 insecticides. Nous espérons qu'à terme tous les usages de ces insecticides seront interdits et qu'on interdira également prochainement les deux autres néonicotinoides dangereux: l'acétamipride et le thiaclopride."
Le réseau PAN Europe (Pesticide Action Network) a, quant à lui, évoqué un « vote historique pour l'environnement » alors que les pressions des multinationales de la chimie comme Bayer et Syngenta ont été « incroyables » sur les Etats membres afin qu'ils n'approuvent pas la proposition de la Commission Européenne. De plus, des pays comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Hongrie et l'Autriche ont  « développé d'énormes efforts pour saper la proposition de la Commission et recueillir une majorité d'États membres en faveur d'une proposition modifiée avec des possibilités d'exemptions qui auraient affaibli l'interdiction proposée. »
PAN Europe souligne néanmoins que cette proposition ne va pas encore assez loin : « ces produits chimiques toxiques seront encore autorisés sur céréales d'hiver et même si les céréales ne sont pas attrayantes pour les abeilles, les sol seront contaminés ». C'est une source de contamination via les oléagineux qui seront cultivés ensuite mais aussi pour les bourdons et les abeilles sauvages qui nichent dans le sol.
De surcroît, le temps de dégradation (demi-vie) de ces produits chimiques peut prendre des années et deux ans ne suffiront donc pas pour nettoyer les milieux. Il ne sera alors pas possible de conclure sur l'efficacité de cette suspension. De plus, d'autres néonicotinoïdes (Thiaclopride et acetamiprid), moins toxiques mais utilisés avec des doses plus importantes continueront d'être employés.
Pour ces raisons, PAN Europe « demande à la Commission d'aller plus loin et interdire tous les néonicotinoïdes, pour une période de 10 ans afin de clarifier efficacement leur rôle dans la disparition massive des abeilles en Europe ».

Il y a moins d'un mois, Greenpeace publiait un rapport analysant les études scientifiques parues récemment concernant le déclin des abeilles. Selon ces études de référence, la mortalité accrue des abeilles s'explique par la combinaison de plusieurs facteurs, dont l'usage des pesticides. C'est pourquoi,Greenpeace dénonce « l'usage de certains pesticides, et notamment des néonicotinoïdes, [qui] constitue clairement l'un de ces facteurs, ce que Syngenta et Bayer refusent obstinément de le reconnaître ! ». Soulignons que ce rapport est salué par la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels qui met en cause depuis des années les pesticides dans la mortalité des abeilles et donc dans l'effondrement de la production française de miel.
L'UIPP (Union des Industries pour la Protection des Plantes) qui  représente les fabricants des pesticides en France, « déplore la proposition européenne à caractère politique et non scientifique ». Dans uncommuniqué de l'UIPP, Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'UIPP déclare : "Cette proposition est basée sur une interprétation politique du principe de précaution. Elle est d'autant plus dangereuse qu'elle va continuer à propager une idée fausse laissant croire que la mortalité des abeilles sera résolue en interdisant ces insecticides. Nous avons le sentiment que ces innovations majeures ont été sacrifiées."
En effet, l'UIPP considère que « la famille des néonicotinoïdes est une solution efficace pour protéger à très faible dose et de manière ciblée les cultures de maïs, de colza, de tournesol et de légumes. La non disponibilité de ces 3 produits aura un impact fort sur la compétitivité, la productivité et la durabilité de l'agriculture européenne. » et demande « dès maintenant la mise en oeuvre d'une expérimentation à large échelle pour connaître les vraies causes de difficulté de la filière apicole et mesurer de manière fiable l'indicateur de "mortalité des abeilles" ».
Le Copa-Cogeca qui rassemble les grands syndicats agricoles européens, a demandé le report de la mesure à 2014 et insisté sur les lourdes pertes financières et sociales d'une interdiction. L'organisation parle de 2,8 milliards d'euros de pertes et la mise en péril de 50 000 emplois.

Le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France, affirme que « cette décision est le résultat d'un lobbying démagogique et effréné d'associations environnementalistes. Celles-ci se sont lancées depuis de nombreuses années dans un combat idéologique au dépend de l'agriculture et de l'environnement. » Bernard Géry, maraicher et porte-parole du Collectif souligne que "Cette décision est caractéristique de l'absence de prise en compte de la réalité de terrain. Nous allons encore en pâtir...mais personne ne se souciera évidemment de la baisse des volumes de production, des emplois perdus et des exploitations menacées !".
La Commission européenne a finalement décidé le 24 mai 2013 de restreindre l'utilisation des trois pesticides (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame) jugés nocifs pour la population des abeilles d'Europe. Les restrictions entreront en vigueur le 1er décembre 2013 et seront réexaminées au plus tard dans un délai de deux ans.
Maintenant, les États membres doivent retirer ou modifier les autorisations existantes pour se conformer aux restrictions de l'UE d’ici le 30 septembre 2013. Ils peuvent autoriser l'utilisation des stocks existants jusqu'au 30 novembre au plus tard. Les autorités nationales sont responsables du respect des restrictions.

Dès que de nouvelles informations seront disponibles, et au plus tard dans les deux ans, la Commission réexaminera les restrictions adoptées pour tenir compte des évolutions intervenues dans le domaine scientifique et technique.