L'Ecologie et la Solidarité en actes

Ghyslaine DEGRAVE milite depuis plus de 20 ans à la transformation de notre société où la nature, la biodiversité et l’humain sont les enjeux principaux. Chacun, dont le plus défavorisé, doit pouvoir vivre dans un environnement sain et agréable et dans un logement de qualité, pouvoir accéder à l’éducation et aux loisirs, se soigner, se déplacer, se former tout au long de la vie et bénéficier d’un travail épanouissant. Cela nécessite le respect de notre planète et de ses ressources naturelles, de vivre autrement, de produire et de consommer différemment...


25 mars 2012

Terrains synthétiques de football

Membre de la commission sports et loisirs et  lors des séances plénières, au nom du groupe Europe Ecologie Les Verts (EELV), j'ai souhaité qu'une étude comparative concernant les matériaux d'aménagement des terrains de grands jeux soit apportée aux élus, afin de mieux mesurer l'intérêt  dans le cadre du développement durable de terrains synthétiques ou bien de terrains dits "naturels".

En 2010, l’Institut Régional du Développement du Sport avait  étudié les besoins en terrains de grands jeux en Île-de-France, travaux qui ont conduit à la publication d’un dossier en janvier 2011. 
Les études conduites sur ce sujet ont permis d’apporter les éclairages préliminaires nécessaires à la mise en place de l’action régionale qui s’est traduite par la création d'un dispositif de soutien aux collectivités en aménagement de terrains de sports synthétiques.
La région a dans un second temps introduit par délibération du 14 février 2011 des pré-requis plus performants sur ces questions.

Aussi, suite à la demande du groupe EELV, consciente des évolutions constantes, à la fois de la demande sociale mais aussi des techniques employées, que ce soit pour le traitement des gazons en herbe ou pour la fabrication des terrains synthétiques, il a été demandé à l’IRDS de compléter son analyse.

En décembre 2011, l'IRDS a donc procédé à une étude complémentaire, dont les conclusions  viennent de me parvenir.

   Dans ces dernières évaluations, trois points méritent un examen attentif et un suivi des évolutions technologiques :


1.   La durée d’utilisation pour un terrain en gazon naturel est fixée généralement à 6 heures maximum
      par semaine pour 30 heures pour un synthétique afin de comparer deux offres de qualité sportive équivalente. Une durée de 6 heures correspond davantage à un terrain d’honneur sur lequel les entraînements ne sont pas autorisés. Un terrain d’entraînement en herbe est en réalité utilisé par les collectivités et les clubs de manière un peu plus intensive quitte à ce que sa qualité en pâtisse légèrement. Or la réalisation de terrains à drainage renforcé et à substrat fibré pour un gazon naturel permet de gagner en résistance mécanique des sols et de pousser l’utilisation de terrains d’entraînements à 10 voire 15 heures pour une qualité d’offre au final quasi équivalente à celle d’un terrain synthétique utilisé 30 heures.

       
Ainsi, en cas d’intensification de l’usage du terrain en herbe, les résultats quant à l’impact   environnemental entre les deux options s’en trouvent modifiés sans pour autant qu’une des deux options l’emporte sur l’autre. En effet, Le gazon naturel aurait par rapport au synthétique un impact sur l’environnement :
- qui resterait plus défavorable  sur la consommation d’eau, l’eutrophisation, la toxicité et l’écotoxicité ;
- qui deviendrait  équivalent concernant  l’effet de serre, l’acidification, l’oxydation photochimique ;
- qui deviendrait moins défavorable quant à la consommation de ressources non renouvelables, et d’énergie primaire, et en terme de production de déchets.

Dans le même temps, le rapport de 2,7 terrains synthétiques pour 5 en gazon naturel serait dans ce cas modifié, mais l’utilisation prolongée du terrain en herbe intensifierait son impact négatif sur l’environnement.

2.    La prise en compte de nouvelles stratégies de gestion écologique des surfaces sportives en gazon naturel pourraient infléchir les résultats de ces comparaisons. La création notamment d’un label Pelouse sportive écologique qui agit sur les deux principaux enjeux environnementaux du gazon naturel, notamment : l’eau (consommation et toxicologie), et l’utilisation d’engrais de synthèse, mais aussi sur la réduction de son empreinte carbone. A ce jour et étant donné la jeunesse de ce label (création en 2010), aucune étude scientifique n’a été menée permettant de dire si le traitement des pelouses sous ce label conduit à modifier les résultats de manière déterminante.

3.    La prise en compte, de nouveaux produits qui arrivent sur le marché et qui utilisent pour le remplissage du terrain synthétique, non plus des granulats d’élastomère, mais des produits composés de fibres organiques d’origine végétale (coco, liège), des  matériaux pouvant être recyclés pour un usage agricole pourrait aussi modifier ces évaluations.

En fait le principal argument en faveur des surfaces  synthétiques demeure leur capacité à absorber des temps d’utilisation nettement supérieurs aux terrains en herbe sans conséquence pour le terrain.
A l’inverse l’usage intensifié des terrains en herbe conduit automatiquement à augmenter l’impact environnemental compte tenu des traitements nécessaires pour en maintenir la qualité sportive.

On rappellera que la notion de développement durable prend appui sur trois axes : l’économique, le social, et l’écologique pour convenir de la pertinence des activités humaines. La finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois enjeux.  Cette note prend donc appui sur ces trois piliers pour mener à bien un bilan comparatif des terrains en herbe et en synthétique.

Aujourd’hui, au regard des différentes études menées, au regard des nouveautés, tant sur le plan du traitement des gazons naturels (éco label) que sur le plan du développement de nouvelles techniques de fabrication de terrains synthétiques (remplissage naturel et non plus d’élastomère), il n’est nullement prouvé que le gazon dit naturel soit une solution plus écologique que le gazon synthétique. Les résultats tendraient même à montrer que ce dernier serait mieux adapté aux enjeux de développement durable. Il serait plus juste de dire qu’en fonction des critères observés et des variables introduites dans les calculs, l’impact environnemental est tantôt favorable à l’un et tantôt favorable à l’autre.

Il convient donc en l’état de procéder à un développement raisonné et approprié des terrains synthétiques dans la mesure où ils répondent plus favorablement à la demande sociale (intensité d’utilisation supérieure), tout en conservant (voire en libérant) des terrains en herbe qui participent notamment d’une meilleure climatisation de la ville.

Elue EELV,  j'indique qu'il faut maintenir la nécessité d’une veille  quant aux évolutions en termes de bonnes pratiques (réduction eau et engrais) pour les gazons naturels et en termes techniques (réduction des granulats d’élastomère et traitements des déchets) pour les gazons synthétiques.
Une évaluation du dispositif « terrain synthétique » au terme d’un délai permettant de s’appuyer sur un nombre significatif d’expériences devrait également être conduit. Le recueil de différents indicateurs tels que, les coûts, l’utilisation, la fréquentation… permettront de vérifier les impacts de cette politique d’aménagement de terrains synthétiques.