Roms : Europe Ecologie Les Verts se félicite des avancées de la réunion
interministérielle du mercredi 22 août.
En rappelant que
l’Etat devait, en lien avec les collectivités territoriales et les
associations, apporter une « réponse globale », « adaptée à la
situation des personnes et des familles concernées », le gouvernement pose
clairement les bases d’une politique digne et responsable.
EELV salue en
particulier la volonté d’anticiper des solutions d’hébergement et de logement
en cas d’évacuation ou démantèlement de camps. Il s’agit là d’une
reconnaissance de ce que les expulsions ne font que déplacer les difficultés
observées, sans les résoudre.
EELV se félicite de
voir reconnus comme prioritaires les efforts à engager pour l’insertion
sociale, par l’accès à l’emploi et la scolarisation, des populations Roms, et
particulièrement de la suppression de la taxe OFII que n’auront plus à payer
les employeurs, ce qui lève un frein à l’emploi et rapproche enfin du droit
commun. Dans cet esprit, EELV encourage le gouvernement à lever les mesures
transitoires pesant sur les populations roumaines et bulgares pour qu’ils
soient reconnus pleinement comme citoyens européens avec les droits afférents.
Cette réunion
interministérielle – réunissant neuf ministres – est une étape importante de la
définition d’une autre politique à l’égard des populations Roms. Europe
Ecologie Les Verts, sans rien ignorer des difficultés de l’entreprise, restera
attentive à ce que ces décisions puissent se traduire dans les faits.
Jean-Philippe MAGNEN,
Porte-Parole![](file:///C:/Users/GHYSLA~1/AppData/Local/Temp/msoclip1/01/clip_image001.gif)
Communiqué : Pour les populations Roms aussi, le changement c’est
maintenant!
Communiqué de presse Europe Ecologie Les Verts du 9 août 2012
Les démantèlements de campements Roms de ces derniers jours sur le
territoire français, dont le dernier ce matin à l’aube dans l’agglomération
lilloise, contredisent brutalement une des promesses du Président de la
République qui s’était engagé pendant la campagne présidentielle à ne pas
expulser de familles Roms sans leur apporter de proposition de relogement.
De nombreuses
familles Roms accompagnées par un réseau associatif dense et présent avec eux
sur le terrain sont donc aujourd’hui expulsées sans solutions.
Rappelons que les Roms, à l’instar des citoyens bulgares et roumains, sont
encore considérés en France comme des citoyens européens de seconde zone,
puisque la France est encore un des rares pays à ne leur appliquer qu’un statut
transitoire depuis leur intégration à l’Union Européenne en 2009, qui ne
leur permet pas d’entrer dans le droit commun et les empêche, notamment,
d’avoir le droit de travailler. La France a d’ailleurs été condamnée à
plusieurs reprises par les instances Européennes (Conseil de l’Europe,
Parlement européen…) pour sa politique envers les Roms.
EELV demande donc au
gouvernement Ayrault de stopper immédiatement ces évacuations sans solutions.
Concernant les 15000 Roms européens régulièrement et historiquement présents
sur notre territoire, nous lui demandons de se mettre en conformité avec les
engagements européens de la France en matière de droits de l’homme, en tenant
compte des spécificités propres à la communauté Rom, et de mettre un terme à
l’exclusion de cette population déjà particulièrement discriminée dans ses pays
d’origine (Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Hongrie…) où cette
communauté subit racisme, rejet, et violences.
EELV demande au
gouvernement de soutenir la proposition de loi de notre collègue sénatrice
Aline Archimbaud visant à abroger les mesures transitoires aux ressortissants
Bulgares et Roumains qui sera déposée en octobre 2012 afin qu’ils soient enfin
considérés en France comme des citoyens européens à part entière avec tous les
droits afférents, droit au logement, droit de travailler, droit à la mobilité.
Jean-Philippe MAGNEN, Porte-Parole
Communiqué du Gisti
- Le
11 septembre 2012
Évacuations
de campements de Roms :
brutale « humanité »
Pendant
les seuls mois de juillet et août, cette année, deux à trois milliers de Roms
ont été évacués des terrains qu’ils occupaient – un chiffre comparable à celui
de l’été 2011 et nettement supérieur à celui de l’été 2010, à l’époque du
sarkozysme : Saint-Etienne, Lyon, Lille, Marseille, Aix en Provence, La
Courneuve, Stains, Vaulx-en-Velin, Evry, Saint-Priest... : la liste, non
exhaustive, continue à s’allonger de jour en jour, malgré les belles promesses
du gouvernement.
Aux
violences contre les personnes et les biens s’ajoute le mépris de la loi :
ainsi, à Evry, l’expulsion est intervenue sans décision judiciaire préalable et
le juge a désavoué a posteriori l’initiative du préfet qui avait cru pouvoir
anticiper une décision favorable. Les évacuations ne sont accompagnées d’aucune
proposition d’hébergement alternatif, sinon, parfois, quelques hébergements
d’urgence relevant du SAMU social.
L’évacuation des campements
débouche sur des mesures d’éloignement du territoire dans des conditions tout
aussi illégales : des centaines d’obligations de quitter le territoire
sont ainsi pré-remplies en préfecture avec comme motif : « l’intéressé
ne peut justifier de ressources ou de moyens d’existence suffisants et se
trouve en situation de complète dépendance par rapport au système d’assistance
sociale ».... Il ne reste plus aux policiers qui procèdent à
l’évacuation qu’à inscrire l’état civil de la personne contrôlée, comme s’ils
avaient procédé, ainsi que le prévoit la réglementation, à un examen effectif
de sa situation personnelle. Les personnes en situation régulière n’ont
ainsi pas la moindre chance d’être identifiées lors de ces opérations
policières se déroulant en extérieur et en catimini, très tôt le matin, sans
qu’il soit laissé le temps aux habitants des terrains d’exposer leur situation,
documents à l’appui.
Le
ministre de l’intérieur va répétant vouloir ajouter de l’humanité à la
fermeté : expulser, oui, mais humainement. La réalité des chiffres et des
actes dément cet équilibre affiché : l’humanité n’est que poudre aux yeux.
La circulaire interministérielle « relative à l’anticipation et à
l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites »
signée le 22 août, à l’issue d’une réunion simulacre de consultation des
associations, illustre parfaitement cette stratégie
qui soigne d’autant plus la forme qu’il s’agit de faire oublier le fond. Comme
les déclarations d’intention qui l’ont précédée et accompagnée, elle pourrait
faire illusion ; mais à mieux y regarder on s’aperçoit qu’à part le style
rien ne change : ni les objectifs, ni les moyens d’action – et encore
moins les pratiques.
·
Le diagnostic « global et individualisé » préconisé par
la circulaire en préalable à toute évacuation ? Il reste inexistant. Pas
de quoi s’étonner puisque le texte prévient que ce diagnostic « pourra
être plus ou moins complet en fonction du temps et des ressources
disponibles ».
·
La prise en charge « sans délai et avec un souci de
continuité [des] enfants présents dans les
campements » ? Encore un affichage sans contenu réel puisque les
évacuations remettent en cause tous les efforts de scolarisation, en atomisant,
sinon en stoppant net, les parcours scolaires.
·
Favoriser l’accès à l’emploi ? Objectif illusoire aussi
longtemps que cet accès sera subordonné à une procédure longue et dissuasive
d’autorisation de travail, qu’il n’est prévu que d’assouplir à la marge avec la
promesse d’augmenter la liste des métiers accessibles et de supprimer la taxe
due par les employeurs. Le gouvernement se refuse à satisfaire l’une des
principales revendications des associations qu’il dit vouloir écouter : aligner
sans attendre le statut des Bulgares et Roumains, Roms ou non, sur celui des
autres citoyens européens.
L’ensemble de la
circulaire traduit le recours constant à ce double langage qui montre bien que
les objectifs d’« humanité » assignés aux préfets restent théoriques,
faute de mesures et de moyens pour les atteindre concrètement. Comment prendre
au sérieux la volonté déclarée d’« humanité dans la prise en charge des
personnes roumaines et bulgares vivant sur des campements illicites » dès
lors qu’on continue à procéder aux évacuations et aux destructions de biens
sans avoir mis préalablement en place des dispositifs
d’« humanisation » bien réels, par exemple en réquisitionnant des
terrains du domaine public, en organisant la fourniture d’eau, l’accès à des toilettes
et la gestion des déchets, en veillant au respect des obligations des
collectivités en matière de scolarisation des enfants ?
Le Gisti ne
s’attendait pas à ce que l’arrivée d’un nouveau gouvernement se traduise par un
retournement complet de la politique d’immigration. Mais, comme tous ceux qui
défendent les droits de l’Homme, il espérait malgré tout une rupture avec les
pratiques les plus scandaleuses des gouvernements précédents. Or, rien ne
change, pas même la brutalité.