L'Ecologie et la Solidarité en actes

Ghyslaine DEGRAVE milite depuis plus de 20 ans à la transformation de notre société où la nature, la biodiversité et l’humain sont les enjeux principaux. Chacun, dont le plus défavorisé, doit pouvoir vivre dans un environnement sain et agréable et dans un logement de qualité, pouvoir accéder à l’éducation et aux loisirs, se soigner, se déplacer, se former tout au long de la vie et bénéficier d’un travail épanouissant. Cela nécessite le respect de notre planète et de ses ressources naturelles, de vivre autrement, de produire et de consommer différemment...


25 novembre 2012

Un grand Paris de l'Egalité

Lors des séances des 23 et 24 novembre 2012 du conseil régional,  les élus Europe Ecologie Les Verts ont fait voter ce voeu par l'assemblée régionale

En conséquence, la Région s’engage à :

- demander que l’Acte III de la décentralisation renforce le rôle des régions dans l’organisation de la démocratie territoriale

- demander le renforcement des compétences régionales en matière de développement économique, d’aménagement du territoire, de transports publics et de formation, et le maintien de la clause générale de compétence.

- demander la création de nouveaux leviers fiscaux permettant de garantir une véritable autonomie fiscale et d’assumer pleinement la réalisation des politiques régionales dans les territoires

- demander une meilleure répartition des richesses entre les collectivités franciliennes, communes et départements, à travers l'amplification des mécanismes de péréquation en faveur des territoires les plus fragiles


- demander que le fait métropolitain soit pris en compte dans l’achèvement de la carte intercommunale, afin d’organiser au mieux la répartition des richesses et la solidarité entre zone dense, zones périurbaines et zones rurales

- demander la constitution d’une Autorité Organisatrice du Logement, à l’échelle de l’Ile-de-France, dotée de pouvoirs prescriptifs et capable de développer une offre de logement plus équilibrée

Le 3 mars dernier, François Hollande s’exprimait en ces termes à Dijon : « Douze millions de personnes vivent en Île-de-France. Des problèmes de logement, de transport, de solidarité territoriale se posent chaque jour avec plus de gravité. Eh bien, je fais confiance aux élus de cette agglomération, grande agglomération, capitale de la France, pour définir ensemble les outils de solidarité métropolitaine et pour inventer la structure et l’administration qui permettront de mobiliser les élus locaux. Et je fais confiance à leur créativité et à leur sens des responsabilités. »

Le constat du Président de la République est connu et partagé : manque de logements, ressources insuffisantes pour gérer les transports, relégation de la grande couronne et du périurbain, insuffisante solidarité financière et aggravation des défis environnementaux. 
La grève de la faim entamée par Stéphane Gatignon pour sauver Sevran et les communes les plus pauvres de la faillite a également rappelé l’urgence sociale et financière dans laquelle sont plongées de nombreuses collectivités franciliennes. 
Ce signal d’alarme confirme malheureusement le diagnostic que la Région Île-de-France a fait depuis longtemps sur l’éclatement des responsabilités entre les acteurs du territoire. La solidarité doit s’exprimer à l’échelle de la Région tout entière. C’est de sens de la mission confiée à Cécile Duflot, ministre du Logement et de l’Egalité des territoires, en charge du Grand Paris.

Alors que le débat autour du Grand Paris et de la question métropolitaine bat son plein, la Région a fait de l’égalité entre les territoires sa priorité et a inscrit ses politiques publiques dans une démarche de solidarité. Des lieux de réflexions et d’échanges se sont constitués, comme le syndicat mixte d’études Paris Métropole. Le livre (ou)vert de la gouvernance, rendu public le 20 juin, indique ainsi plusieurs familles de scénarios dont la Région peut s’inspirer.

Dans l’acte III de la décentralisation qui s’annonce, le gouvernement a souligné vouloir des Régions un des leviers du redressement économique du pays. Elles deviendront ainsi le fer de lance de la transition écologique. L’Île-de-France est un cas unique. Si elle concentre de nombreuses richesses et contribue à un tiers du PIB national, elle est également la région la plus inégalitaire, accueillant en son sein les populations les plus fragiles, plus exposées aux problèmes de transports, de logement, de santé.

Pour répondre à ces enjeux, on ne saurait se satisfaire de réponses limitées à l’horizon géographiquement resserré de la zone dense, où les responsabilités resteraient diluées et la solidarité limitée. Toutes ces questions ne pourront se régler uniquement par un gouvernement de la zone dense, pour la zone dense et par la zone dense. C’est méconnaître le fonctionnement même du bassin parisien, qui absorbe les ressources (eau, matériaux, produits alimentaires…) de la grande couronne pour lui renvoyer ses déchets, et relègue toujours plus loin des populations travaillant souvent dans le centre mais ne disposant pas des services publics qu’elles sont en droit d’attendre. La métropole avance grâce à l’ensemble des territoires franciliens: elle ne peut s’organiser en en excluant certains. Il revient à la Région d’être le garant de cet équilibre, d'assurer la solidarité entre la zone dense urbaine, les zones périurbaines et ses espaces ruraux. C’est le sens du projet « Ile-de-France 2030 », des travaux engagés sur les territoires écologiquement prioritaires (TEP) ou encore de la mise en œuvre de la critérisation des aides régionales en faveur des territoires les plus défavorisés.

Alors que les Franciliennes et les Franciliens vivent de plus en plus mal la saturation croissante des transports et dans l’attente d’une clarification sur les coûts et les priorités, le Premier Ministre a confirmé l’inscription d’un milliard d’euros dédié à la réalisation du Grand Paris Express en 2015. Ces fonds sont nécessaires pour préparer l’avenir. Il est également prioritaire de débloquer ceux nécessaires à l'amélioration des conditions de déplacements des habitants, qui subissent au quotidien le manque d’investissement dans les lignes RER et de métro, notamment à travers la création de nouvelles lignes de bus et de transports en commun en site propre de banlieue à banlieue. L’égalité des territoires passe aussi par la mise en place d’une zone unique pour laquelle tous les groupes de la majorité régionale se sont mobilisés.

De même, il faut une action locale forte et concertée pour accompagner les nouvelles mesures législatives sur le logement, en réunissant l’ensemble des acteurs franciliens concernés autour d’un même projet. La constitution d’une véritable Autorité Organisatrice du Logement à l’échelle régionale, délégataire des aides à la pierre de l’Etat, dotée d’une compétence générale de programmation, d’une capacité à impulser, à financer et à mettre en œuvre des projets structurants, est une proposition forte du Conseil régional d’Ile-de-France.

L’achèvement de la carte intercommunale est un autre chantier qu’il nous faut aborder sereinement. On ne saurait se contenter d'intercommunalités opportunistes, qui ont pu se nouer ici et là. Il s’agira au contraire de parier sur des intercommunalités de projet, capable de créer les conditions d’un développement harmonieux des territoires. Elles permettront en outre de consolider les solidarités locales et de renforcer les dynamiques identifiées par le SDRIF et les CDT, outils de sa mise en œuvre.

Bénéficiant des déséquilibres entre bassins de vie et bassins d’emplois, certaines collectivités jouissent pleinement des taxes qui leur sont dévolues, comme sur les transactions immobilières, le foncier des entreprises ou leur création de valeur ajoutée. Les bases de la fiscalité locale sont créatrices d’inégalités fortes et doivent également être revues pour renforcer massivement les mécanismes de péréquation et concourir à l’égalité réelle des territoires. De nombreux outils de rééquilibrage existent – FSRIF, FPIC, DSU, DSR, etc. – mais il faut accompagner leur montée en puissance et assurer leur coordination alors que les contraintes budgétaires commencent à peser dès aujourd’hui, et encore plus demain, sur le budget des collectivités.

Enfin, la solidarité passe aussi par une véritable gouvernance partagée des biens communs – eau, air, énergie, terres agricoles, espaces naturels – qui contribuera à mettre fin à l’utilisation des espaces périphériques comme des territoires servants. Les propositions du Maire de Paris pour réduire la pollution de l’air dans la capitale, passant par la mise en place d’une ZAPA (zone d’action prioritaire pour la qualité de l’air) dépassant les frontières du périphérique confortent bien le besoin d’une gestion partagée des enjeux régionaux et métropolitains.

Ce projet que défend la Région, c’est celui d’une véritable égalité entre les citoyens, entre les collectivités, entre les territoires. La région est la meilleure réponse à l’exception métropolitaine francilienne. C’est le pari d’un Grand Paris de l’Egalité.